Béatrice Maine

Confiance en soi et ménagerie neuronale Partie 1/2

Que se passe-t-il dans le cerveau et le corps quand le manque de confiance est prépondérant? Quelles traces et mémoires nos cellules gardent-elles ? Quels espoirs de changements ? Comment restaurer, construire et consolider la confiance en soi au quotidien ?
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Comment restaurer et consolider la confiance en soi avec l’aide de la Neurodanse© ?

 

« Au cours de notre développement notre première tâche vitale consiste à nous enraciner dans la confiance ». Le manque de confiance en soi peut prendre une multitude de visages. Le point commun de toutes ces facettes est, le plus souvent, l’expérience d’une insécurité intérieure et d’une souffrance psychique plus ou moins grande qui s’expriment de différentes manières. La confiance est le résultat d’expériences qualifiées de positives mais plus encore, elle résulte du regard que l’on porte sur celles-ci. C’est en grande partie sur nos propres pensées et actions que se construit notre confiance en nous-mêmes.

 

Que se passe-t-il dans le cerveau et le corps quand le sentiment de manque de confiance est prépondérant? Quelles traces et mémoires nos cellules gardent-elles ? Quels espoirs de changements d’un trait de personnalité développé depuis des années ? Comment restaurer, construire et consolider la confiance en soi au quotidien ?

 

 

 

LES IMPACTS SUR LE CERVEAU et SUR LE CORPS QUAND LE MANQUE DE CONFIANCE EST RÉCURRENT

 

 

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Quand une personne a vécu ou vit des relations et situations interpersonnelles pénibles elle se demande sans cesse « ce qui va lui tomber dessus ». Elle est sur le qui-vive la plus part du temps et développe une attitude d’hypervigilance face à un environnement vécu comme menaçant. Elle doit amener toute son attention sur ce milieu vécu comme préjudiciable pour son être intérieur afin d’ « anticiper les coups » et d’être prêt à réagir en cas d’agression. A force de porter son attention à l’extérieur, la personne se coupe de son monde intérieur et devient sourde et aveugle à ses propres signaux internes : sentiments, besoins, désirs deviennent flous, inaccessibles, confus. Comment bâtir une estime de soi venant de l’intérieur quand le focus et l’énergie sont sans cesse orientés vers l’extérieur ?
Sans ce lien avec l’être profond à l’intérieur de soi, la personne nage dans un océan d’inconforts irraisonnés d’inquiétudes perpétuelles, de préoccupations incessantes, de recherche de gratifications et de reconnaissance à l’extérieur. Elle est une « exilée » d’elle-même.

 

Mémoires corporelles et traces dans le cerveau

 

 

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Chaque stimulus est comme une empreinte indélébile déposée dans notre cerveau et notre corps. Images, sensations, odeurs, empreintes verbales, ton de voix, impressions, contextes, visages en rapport avec l’expérience vécue activent des groupes de neurones spécifiques et forment ainsi un câblage dans le cerveau, un “package”. Ces souvenirs façonnent l’architecture de notre cerveau et « sculptent » notre corps parfois de manière visible mais le plus souvent de façon invisible car contenus dans les muscles, les articulations, les organes…

Par la suite, toutes situations ressemblant de près ou de loin au traumatique passé active immédiatement le cablâge concerné. Cela déclenche des réactions émotionnelles, mentales et physiques similaires devenues disproportionnées dans la situation présente.

Le cerveau ne faisant pas la différence entre passé et présent, ancienne et nouvelle situation se confonde. Elles sont additionnées et imbriquées l’une dans l’autre et s’enregistrent ainsi dans la mémoire. Il y a un effet boule de neige : les situations récentes amplifient les plus anciennes. En étant stimulé à nouveau, le câblage neuronal d’origine se renforce et devient un peu plus sensible au risque de devenir une véritable « autoroute ». L’activation récurrente de celle-ci devient une « routine», le déclenchement des réponses physiques, émotionnelles et mentales qui vont avec également. La honte, l’humiliation, la peur, l’autocritique, le dénigrement tournent en boucle et se manifestent à tous les niveaux. Les pensées activent le circuit de neurones qui lui même active le circuit hormonal associé. Les hormones, elles, accentuent les états émotionnels, le ruminage mental et les postures corporelles. C’est le cercle vicieux infernal. Les états physiques, physiologiques, mentaux et émotionnels s’ancrent au cœur de l’identité. Profondément intériorisés la personne ne ressent plus seulement le manque de confiance ou la peur d’échouer, elle est l’échec, la honte, l’humiliation.

 

Des traces indélébiles mais des espoirs de changements infinis ou presque …

 

Notre corps est doté de systèmes d’alertes, de signalisation et de stockage hyper sophistiqués pour nous garder en vie. C’est pourquoi les souvenirs d’événements blessants et traumatiques sont difficiles à déraciner parce qu’ils sont liés à un réflexe de survie. Le cerveau est capable de tracer des routes et des autoroutes neuronaux mais la fonction « effacer » n’existe pas vraiment. En revanche il est capable de désapprendre l’utilisation de circuit, d’élaguer des câblages gênants ou devenus obsolètes. Il est aussi capable de transformer des connexions et d’en créer de nouvelles. Il est même capable de fabriquer de nouveaux neurones ! L’espoir de changement se situe au cœur de ces phénomènes de plasticité neuronale et du pouvoir de résilience de notre organisme.

 

RESTAURER L’ESTIME et LA CONFIANCE

 

 

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Répondre aux besoins

 

Dans Le Drame de l’Enfant Doué, Alice Miller parle « des besoins narcissiques » de tout être. Ceux « d’être aimé pour la personne unique que l’on est ; être admiré et valorisé ; être touché et traité de manière spéciale : sentir avec certitude que notre mère nous prend au sérieux et qu’elle ne nous quittera pas. Quand on a la chance de voir ses besoins comblés durant l’enfance on n’a pas à les traîner avec soi jusqu’à l’âge adulte. »

Pour restaurer la confiance en soi  il s’agit avant toute chose de répondre aux besoins d’amour, de respect, de compréhension et de sympathie insatisfaits. Un cadre relationnel respectueux, fiable, sûr et porteur de l’amour inconditionnel dont parle Carl Rogers offre un espace favorable. La personne peut faire l’expérience d’être aimée et reconnue comme elle est, pour qui elle est, sans condition.

« Se sentir entendu et respecté dans son vécu, être témoin d’empathie à son égard donne le sentiment que notre être profond existe réellement. L’empathie rassure et indique que notre vécu intérieur et intime est au moins en partie compris ».

Se rendre compte et vérifier auprès d’un alter égo que toutes les parties de soi sont acceptables contribue à reconstituer l’identité égarée dans des expériences ingrates, ténébreuses parfois insoutenables pour l’individu.

 

Le « témoin » : un allié dans le processus de résilience

 

En Neurodanse©,  la place du témoin est capitale  dans le processus de transformation. Le témoin est un partenaire qui offre ses yeux , ses oreilles et son coeur pour accueillir l’Autre dans toutes ses dimensions, dans toute sa vérité du moment. Il est dans une écoute non jugeante, pleine et entière, une présence attentive et non intrusive de l’espace de l’autre.  L’écoutant s’applique à adopter et à incarner la posture d’un allié rassurant, réconfortant et au service des paroles, des histoires et du chemin de résilience de son partenaire. Le modèle de communication basé sur les trois niveaux de conscience et d’attention (je vois, je ressens, j’imagine) permet d’éviter les écueils du jugement et de l’interprétation.

 

 

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Rétablir une passerelle digne de confiance entre soi et les autres pour sortir de l’ombre, oser dire et se dire

 

Le travail avec un témoin (ou avec un thérapeute en session individuelle) est un processus interpersonnel confidentiel où il y a collaboration, soutien mutuel, cocréation d’un espace intime, précieux, noble. Un espace souvent rare dans le quotidien, un moment pour être entièrement vu et entendu dans sa singularité et son exception. Le lien entre soi et les autres se reconstruit. L’attitude ouverte, attentionnée et aimante du témoin, par effet miroir, inspire et encourage la personne à embrasser la même posture à l’égard de toutes les parts d’elle-même, les acceptables et les moins plaisantes.

 

L’impact du témoin bienveillant et empathique sur notre cerveau et dans notre corps

 

D’un point de vue des neurosciences l’expérience d’être accueilli et compris là où nous sommes a une valeur positive pour l’individu. Savoir, voir et sentir que ses sentiments sont pris au sérieux par un congénère déclenche la libération de dopamine et d’ocytocine. La boucle vertueuse s’enclenche : ces hormones du lien social et du bonheur favorisent l’ouverture à l’autre, donne de la consistance à la conscience de sa propre valeur et renforce la confiance en soi. Etre en lien avec son propre monde affectif interne et le savoir accueilli et respecté par un autre redonne élan, courage, foi en soi et en l’autre et contribue à la réparation des parties de soi blessées.

En outre, la répétition de cette qualité de relation dans la réalité, la convocation de souvenirs ou la visualisation de relations futures de cette nature consolident le tracé de cette nouvelle route neuronale. Par le biais des neurotransmetteurs et des hormones l’expérience informe et s’inscrit dans les corps physique, émotionnel et mental. C’est un paysage relationnel oublié ou inédit qui s’ouvre.

 

Conscience et congruence : deux attitudes qui alimentent la confiance

 

Carl Roger a identifié comme fondamental la conscience et la congruence dans le processus de transformation de tout individu. Selon lui c’est à partir de cet état d’acceptation et de reconnaissance de « Qui je suis ici et maintenant » que se produisent des changements profonds.

Le simple fait d’être dans la conscience de ce qui est présent sur les trois niveaux (physique, émotionnel et mental) réduit la tension sur ces mêmes niveaux. Par ailleurs, être conscient est déjà le processus de changement lui-même.

 

Quand la personne est dans sa vérité, sans masque,  et qu’elle agit et parle à partir de cet endroit authentique elle est dans un mouvement de transformation durable, profond et fiable.

 

 

CONCLUSION partie 1/2

 

Les bases de la confiance en soi prennent racine dans le vécu de l’enfant intérieur. Si celui-ci a été malmené, l’adulte d’aujourd’hui est porteur de « cicatrices » neurophysiologiques de ces blessures.

Cependant, la résilience et la restauration de la confiance sont possibles pour toutes et tous.

La pratique artistique intimement reliée à la conscience de ce qui est présent au niveau physique, émotionnel et mental/imaginaire ouvre un espace de transformation. Soutenu par des pairs cette approche permet de rétablir profondément et durablement un équilibre perdu.

L’ensemble de la démarche contribue à fabriquer un terreau favorable pour tracer le sillon de l’estime et de la confiance en soi et emprunter la route de l’incarnation de notre être profond.

 

Lire la 2ème partie de cet article ICI

 

Références :
Le Drame de l’Enfant Doué, Alice Miller
Approche Centrée sur la Personne, Carl Rogers

 

 

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