Béatrice Maine

Trois ressources-clefs pour remettre du mouvement dans le figement

omment remettre du mouvement dans le figement. 3 trois ressources-clefs de la Somatic Expériencing et de la théorie polyvagale : 1- L’orientation (visuelle, spatiale, auditive) et l’attention tournée vers les ressources immédiate présente autour de soi. 2- La conscience corporelle au sens large = dans ses 5 dimensions. 3- Les allers/retours avec les point d'appuis sécures externes et internes pour s'ancrer dans le vague ventral.
théorie polyvagale

Bizarrement le traumatisme nous met en contact avec la vie, même si en même temps il peut nous mettre en contact avec la mort (la nôtre, celle d’un être cher, celle d’un projet, …). Voici quelques lumières-repères pour éclairer ces traversées.

Chaque cellule de notre corps veut rester en vie. C’est inscrit dans chacune d’elle. Tout en nous pousse à croître.
Pourquoi ? C’est le grand mystère de la vie. C’est la vie !
La question intéressante à mon sens est « COMMENT » ?

Comment chaque cellule peut rester en vie dans l’adversité. Et par extension, comment rester en vie, debout, vivant, vibrant face aux épreuves ?

 

LE POUVOIR DE NOTRE PHYSIOLOGIE

 

Grâce à notre physiologie. Nos cellules, c’est de la physiologie. Puisque nos cellules sont indéniablement, irrémédiablement tournées vers la vie, alors nous pouvons nous appuyer sur nos processus naturels physiologiques pour soutenir le vivant en nous, même quand on a l’impression que tout fout le camp.

Et en ayant quelques repères sur le fonctionnement de sa physiologie, on peut la soutenir, l’aider, l’orienter.
La carte n’est pas le territoire. Mais sans carte, on peut vite être perdu.

Je vous propose une carte simple, simplifiée mais qui donne des appuis :

N’importe quel être vivant est composé de :
– Un système acteur,
– Un système récepteur,
– Une interface qui interprète pour savoir comment répondre, réagir, agir. L’interface c’est en premier lieu notre système nerveux autonome (SNA). Et c’est aussi notre attention et nos intentions.

 

Les 3 réponses de notre SNA

 

Pour faire simple, notre SNA a 3 réponses / mouvements / états possibles face aux challenges : socialisation, mobilisation, immobilisation :

1ère réponse : la sociabilisation

Je me mets en lien avec un ou des autres pour m’aider à me réguler, à trouver une solution, à m’apaiser, à retrouver du discernement, à prendre un peu de hauteur, à sortir de la spirale émotionnelle…. C’est le nerf vague ventral qui est à l’œuvre.

 

2èmes réponse : le combat ou la fuite

– Si la 1ere réponse ne marche pas ou est insuffisante je passe sur le 2ème mode de réponse, mise en œuvre par le nerf sympathique : mobilisation. Je vais alors adopter une réponse de « combat » (la colère sous toutes ces déclinaisons, de l’irritation à la rage) ou de fuite. Cela peut s’exprimer par le fait de déployer mon énergie à faire diversion, être agressive, en opposition,agitée, hyperactive, éviter volontaire des personnes, des lieux, des situations, éviter des interactions sociales …

 

3èmes réponse : le figement

Si cette réponse ne marche pas ou est insuffisante, je passe sur la 3ème option : la réponse de figement. C’est le nerf vague dorsal qui est en jeu. Les manifestations peuvent être variées : de la procrastination à la dépression, en passant par l’engourdissement, le repli, l’envie de rien, la difficulté à se fixer un but, à se projeter, l’impression que les tâches à faire sont des montagnes à gravir…

 

Trois ressources-clefs pour remettre du mouvement dans le figement

 

1- L’orientation et l’attention tournée vers les ressources

Dans un choc, une situation confrontante,  on peut être « sidéré ». Une part en nous se déconnecte d’avec la réalité et se coupe du corps. Donc tout commence par-là :
– Se remettre dans ses appuis : prendre conscience des points de contacts avec le socle sur lequel je suis assise ici, maintenant, dans ce lieu, à ce jour J, les appuis de ses pieds, cuisses, dos, mains….
– S’orienter dans l’espace : prendre le temps de regarder autour de soi, dans toutes les directions, et aussi derrière soi. Prendre le temps d’écouter son environnement sonore.
Porter son attention vers quelque chose qui est agréable à regarder, qui apporte du réconfort, de la sécurité, de la douceur, (un objet, une couleur, un paysage, une personne, …)
– Prendre le temps de ressentir la sensation physique agréable procurée par l’objet regardé (c’est où et c’est comment dans le corps). On peut choisir et sentir un objet, puis un autre, puis un troisième pour bien ancrer la ressource.

Ça va peut être vous paraît un peu simplet mais c’est très efficace, quand on le fait en vrai (et que ça reste pas juste une théorie ). Ces bases-là c’est 90% de mon auto régulation en voyage !

 

2- La conscience corporelle dans ses 5 dimensions

La conscience corporelle ne se limite pas aux sensations. La conscience corporelle ou le felt sens, englobe la sensation aux images associées, aux émotions, aux pensées, aux mouvements.
La conscience corporelle permet d’avoir accès à la physiologie, et en particulier à la physiologie du figement.
Quand on est face à l’adversité, notre système corps-esprit peut se retrouver submergé et basculer dans une réponse de figement.
Alors, être en lien avec sa conscience corporelle et les 5 dimensions (sensations, émotions, pensées, images, mouvement/posture) donne accès à un élan naturel vital qui va permettre de sortir du figement.

 

Face à une épreuve, le risque (et la tendance) est de rester bloqué
– Soit dans le récit : on va beaucoup penser au problème ou beaucoup en parler
– Soit dans l’état émotionnel (colère ingérable, tristesse insurmontable, anxiété qui s’éternise…)

L’intérêt de s’ouvrir aux autres dimensions est de sortir de l’impasse et de reconnecter avec la physiologie des cellules pour ramener du mouvement à l’intérieur, ramener du vivant.

– Si on est en mode rumination sans pouvoir s’arrêter : s’inviter à porter notre attention sur les sensations corporelles. Si ces sensations étaient une image, un symbole, ça serait quoi ? Si cette image pouvait parler, que dirait-elle quoi ? Quelles sont les émotions associées ? Y-aurait-il un mouvement, une posture que le corps à envie de prendre ?

– Si on est bloqué dans l’émotionnel : s’inviter à porter notre attention sur les sensations corporelles, s’il y avait un mouvement comment cela serait-il ? Y-a-t-il une image, un symbole ? Quelle signification à cette image, qu’est-ce qu’elle me raconte ? Quelle posture aurait envie de venir ?

 

3- Revenir aux ressources

Après ce temps d’exploration des 5 dimensions, il est bon de revenir aux ressources comme dans l’étape 1. Ceci permet au SNA de revenir à une forme d’équilibre, de tranquillité, de sécurité.
Le principe étant de faire des allers/retours entre l’état de figement, de sidération et les ressources. En allant dans l’état confrontant à dose homéopathique le plus possible. Sinon il y a risque de rajouter du traumatisme au traumatisme.
Et il s’agit aussi de bien stabiliser/ancrer le lien aux ressources avant de retourner dans une autre dose homéopathique de l’évènement traumatisant.

 

Parfois, quand le traumatisme est grand, le sentiment d’impuissance dévastateur, la vulnérabilité, la désorganisation, l’abattement, la perte de sens sont tels qu’on ne fait que cela : réorienter vers les ressources sans cesse. Il n’y a rien d’autre à faire que cela pour éviter les trop grande et trop longue dissociation.

Il ne s’agit pas ici de faire l’autruche. Il s’agit de reconstruire des ressources, une structure, une organisation interne suffisamment ample, solide et fiable qui permettra de progressivement accueillir, accepter, transformer l’insoutenable.

Dans ces rendez-vous que la vie nous donne, nous sommes convoqués à faire face. Le face à face peut être soutenu par nos processus physiologiques intelligents et par une ferme résolution à orienter notre attention vers ce qui est Vivant (ou la partie “saine en nous”), à se rendre compte que nous sommes beaucoup plus que la part de nous qui traverse cette épreuve.

Et puis des fois c’est la panade totale, le figement assuré, les boucles mentales qui nous prennent en otage pendant la journée entière, les émotions qui débordent …. et puis c’est comme ça. On fait de son mieux. Se rappeler aussi que “nos capacités d’auto accompagnement ne sont pas stables” c’est bien pour cela car parfois on “gère rien du tout”. Et c’est ne fait pas de nous quelqu’un de mauvais, de nul ou d’incohérent …..

 

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