Béatrice Maine

Sentiment de sécurité versus sécurité

La sécurité n'est pas le sentiment de sécurité. Ce dernier se construit intérieurement. On peut être dans un endroit sécure mais se sentir en alerte. Et inversement. Quelles ressources concrètes pour contacter, renforcer, muscler, basculer d'un sentiment de danger à un sentiment de sécurité ,

2006, je viens d’arriver en Inde, seule avec mon vélo. Le choc culturel est renversant. Peu après être arrivée je suis sur une route qui me semble immense, fourmillante, bruyante, affolante (pour mes repères habituels). Une panique m’envahie, je sens en une fraction de secondes que ça pourrait complètement me faire vriller, que je suis sur un point de bascule. Si je bascule du mauvais côté je pourrais ne pas en revenir. C’est vertigineux, effrayant, déroutant.

J’ai le réflexe d’apporter mon attention sur :

  • Mes mains sur le guidon, sentir le support
  • Mes pieds sur le sol : sentir le support
  • Ce qui me permet de sortir de la spirale qui m’a engloutie pour re-sentir ma respiration, mon enveloppe corporelle, regarder autour de moi
  • Je renoue avec qqs bribes de sentiment de sécurité
  • Je peux regarder autour de moi pour me réorienter après avoir été puissamment désorientée l’espace d’une faction de secondes

 

Le 1er réflexe de sécurité c’est LE SUPPORT. Sentir le support.

Quand on est saisi par une spirale (ici la panique, mais ça peut aussi bien être la colère, la rage, le sentiment d’impuissance dévastateur, la tristesse, l’effroi), une part de nous voir tout notre être se désoriente. Il perd le contact avec la réalité. Celle d’ici, maintenant, dans ce lieu, à cette date, à cette heure. La ressource à mobiliser est donc de TOURNER SON ATTENTION vers les points de contact entre son corps et un support externe.

 

Il y a 2 « mouvements » dans la relation au support :

Je vais vers le support, je me permets, j’ose confier mon poids, je peux me déposer sur le support,
Le support « vient vers » moi ; je peux me laisser « toucher », me laisser soutenir par le support. Je peux sentir sa fiabilité, sa solidité.

Ces 2 « mouvements » sont surtout deux mouvements de pensées, deux postures intérieures différentes, deux intentions différentes. Et chacune va nous soutenir, nous informer, nous raconter quelque chose de différent (d’ailleurs si un des deux « mouvements » génère des sensations ou des émotions inconfortables ce sera alors très pertinent d’aller explorer cela avec un thérapeute, exemple : triste si je laisse le support venir à moi).

 

Sentiment de sécurité et sécurité

En voyage à vélo j’ai été en situation d’insécurité, d’un point de vue objectif (Afghanistan, Pakistan pendant les attentats de la mosquée rouge, seule au milieu du désert de Gobi en Mongolie sans plus une goutte d’eau… et j’en passe).

Pourtant quelque chose en moi était profondément habité et soutenu par un sentiment de sécurité.

Le sentiment de sécurité est un état intérieur, un équilibre, une sorte d’assurance, d’aplomb, d’ancrage dont les racines sont profondément ancrées dans plein de choses très différentes que chacun construit en fonction de son histoire et de son système de croyance.

Pour ma part, à l’époque mon sentiment de sécurité était largement enraciné dans ma confiance et ma foi que la Vie me protégeait. Je me sentais, je me vivais extrêmement bien « accompagnée » même si j’étais seule sur les routes.

Le Vivant autour de moi semait des indices pour cultiver mon sentiment de sécurité (à travers les animaux notamment et en particulier les buses).

A certains moments ce Vivant était un « rempart », un « manteau d’invisibilité » ou encore un passant bienveillant.

Le sentiment de sécurité est quelque chose d’intérieur (quoi qu’il arrive je peux le contacter, il est 100% « sous mon contrôle ») alors que la sécurité fait davantage référence à quelque chose d’extérieur à nous (elle peut disparaitre ou s’altérer malgré moi, je n’ai pas 100% « le contrôle dessus »).

Le sentiment d’insécurité lui, s’exprime principalement par une vulnérabilité. Dans mon exemple, mon système a confondu sentiment d’insécurité (qu’il a transformé en panique) et insécurité réelle.

D’ailleurs le sentiment d’insécurité, selon une enquête réalisée auprès de citadins, est souvent alimenté par des signes extérieurs de désordre (bruit, saleté, forme de chaos, ordures qui trainent, agitation, dégradation…).

L’émotion déclenchée par le sentiment d’insécurité suspend notre aptitude à rationnaliser, elle brouille les perceptions, elle détourne et focus notre attention vers ce qui est vu comme « dangereux », affecte notre capacité de raisonnement/ l’émotion.

 

Pour cultiver le sentiment de sécurité

Pour minimiser le sentiment d’insécurité et cultiver celui de sécurité, voici des éléments-ressources qui sont à notre disposition :

 

  • Les 3 axes : avant/arrière, droite/gauche, haut/bas et les 6 dimensions qui en découlent. Il s’agit de prendre conscience tour à tour de chacun de ces axes. De se resituer dans l’espace. Ceci nous remet en lien avec :
  • Notre enveloppe corporelle : sentir les vêtements, le vent, le chaud, le froid sur sa peau… on peut venir mettre ses mains pour mieux sentir. C’est aussi porter son attention sur ses volumes : tête, cage thoracique, abdomen, bassin, membres inférieurs et supérieurs. Ceci donne une notion de TERRITOIRE. « Moi c’est ça, je suis là, c’est mon territoire ». Depuis mon territoire, mes limites je peux :
  • Orienter mon attention vers quelque chose d’agréable à regarder, qui fait du bien. Il s’agit d’être en contact avec la sensation que procure le fait de regarder cet objet. Pas l’histoire que je me raconte avec l’objet, pas l’histoire de la sensation, mais la sensation elle-même, brut, pure, sans interprétation du mental. Et rester avec cette sensation pour lui permettre se s’infuser dans le corps.

 

Prochaines transmission Neurodanse :

Attention et l’intention,

Emotion, corps, cerveau et théorie polyvagale

Journal Créatif, corps et mouvement, 11-13 juillet 2023

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Relation à l’argent en ligne en live 31 octobre, 7, 14, 21 et 28 novembre 2023. Horaires 17h à 19h45

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Une réponse

  1. Merci Béatrice pour ce texte éclairant et aidant, concret. Il tombe à pic pour moi, me rappelle des notions que j’avais oubliées, me remet dans mon corps, ce formidable allié. Avec reconnaissance et affection, Véronique.

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