L’intérêt des neurosciences pour les professionnels de l’accompagnement : conférence à la Chambre Professionnelle du Conseil

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Vendredi 2 juin j’étais invitée à la Matinale de l’association pour faire une conférence sur l’intérêt des neurosciences pour les consultants et les coachs. Ma présentation s’est appuyée sur les travaux des Professeurs Changeux et Dehaene l’espace de travail neuronal . Le partage de connaissances était ponctué de temps de pratique interactif et d’anecdotes de mon voyage à vélo illustrant mes propos. Retour sur cette matinée riche d’échanges et de rencontres et focus sur le système mémoire…

 

Le contexte : La Chambre Professionnelle du Conseil en Languedoc Roussillon

 

C’est l’association des professionnels du conseil dans la région Languedoc Roussillon. Elle a 3 objectifs : « promouvoir le conseil auprès des entreprises, professionnaliser les consultants, positionner le conseil comme levier de développement économique auprès des institutions ». Elle regroupe plus de 50 consultants en management dont de nombreux coachs et formateurs. C’est donc auprès de quelques-uns d’entre que j’ai parlé de neurosciences vendredi 2 juin.

 

Mais qu’a-t-on dans la tête ?

 

cerveau, mémoire100 milliards de neurones qui communiquent au travers de plus d’1 million de milliards de connexions synaptiques et 100 milliards de cellules gliales (qui nourrissent, protègent et supportent les neurones dans leurs tâches). C’est presque autant que d’étoiles dans notre galaxie entre nos deux oreilles!
Notre cerveau est autonome, il n’a pas besoin d’entrées externes pour s’activer et génère ses propres buts. Sur les 10e16 (10 000 000 000 000 000) opérations à la seconde, nombreuses sont celles qui s’exécutent inconsciemment.

Ce que nous savons maintenant c’est que à tout est possible à tout âge. Rien n’est figé ni immuable. Comme l’écrit ma formatrice Bernadette Lecerf-Thomas dans Activer les Talents avec les Neurosciences (que je vous recommande vivement) « Nous avons longtemps crus que nous ne fabriquions pas de nouveaux neurones, que la vie du cerveau était contrainte par la perte neuronale. Nous savons aujourd’hui que c’est faux. Nous fabriquons des nouveaux neurones tout au long de notre vie. Notre cerveau se renouvelle et se transforme. Nous pouvons stimuler « les anciens » neurones et bénéficier pleinement de la plasticité neuronale. Désapprendre des postures émotionnelles, cognitives, mentales ou physiques et développer ses talents »

En effet notre esprit a le pouvoir d’agir sur l’anatomie de notre cerveau. Faut-il encore savoir travailler avec l’objet le plus complexe connu sur terre pour impacter concrètement sa vie, son travail, ses offres, son accompagnement.

 

En équipe, en entreprise, avec des collègues,
collaborateurs, clients, patients, quels sont les
leviers que vous pouvez utiliser pour aider
efficacement dans des processus de changement ?

 

 

L’espace de travail neuronal : un modèle pour synthétiser une complexité en interaction

 

L’espace de travail global conscient est un modèle théorique développé en 2001 par les français Stanislas Dehaene (psychologue cognitiviste et neuroscientifique ), Jean-Pierre Changeux (neurobiologiste ) et Lionnel Naccache (neurologue et chercheur en neurosciences cognitives).

Leurs recherches démontrent l’existence de 5 fonctions cognitives à activer pour changer durablement : système mémoire, système valeur (intimement lié aux émotions), système perception, système moteur et système attention.

 

conférence neurosciences
Représentation simplifiée à l’usage des managers et des pédagogues. D’après l’espace de travail neuronal conscient sous effort de Changeux, Dehaene 1998

 

  • Une ou des mémoire(s)? comment fonctionnent-elles? Comment les enrichir pour créer un futur différent du passé?
  • L’attention : développer son agilité autant que sa stabilité attentionnelle est essentiel pour faire émerger son potentiel.
  • Comment ouvrir ses perceptions pour entrer dans la spirale perceptive permettant de voir plus, plus grand, mieux et ainsi entrer dans un nouveau champ des possibles ?
  • Travailler avec plutôt que sans ou contre les émotions. En effet celles-ci sont directement liées à nos choix, nos mouvements, nos résistances aux changement et notre motivation à sortir par le haut de challenge qui nous apparaissent insolubles.
  • Enfin l’action, quoi que vous fassiez c’est le corps qui apprend. Inciter à l’expérimentation renforce et soutient l’acquisition de nouveau savoir-faire. Par ailleurs activer son corps c’est créer un système contre la peur …

 

Focus aujourd’hui sur le système mémoire.

 

D’abord les bonnes nouvelles sont :

  • Que nous ne sommes pas entièrement prédéterminés par nos prédispositions génétiques
  • Qu’il n’y a pas une mémoire, mais des mémoires (donc si l’une d’entre elle patine dans la semoule vous pouvez solliciter les autres)
  • Que tout apprentissage et nouvelle expérience implique des modifications anatomiques (à condition tout de même d’un peu d’effort, d’attention et de répétition. Les jeux, le storytelling ou encore les échanges avec des pairs sont autant de façon d’outiller vos mémoires, de faire évoluer votre cerveau et d’activer vos talents)

 

Processus d’apprentissage et de changement ==> Modifications anatomiques

 

Apprendre de nouvelles choses consiste à créer de nouvelles connexions entre les neurones. Par répétition des stimuli et/ou par le biais d’une émotion forte, il y a soit accroissement des terminaisons synaptiques créant ainsi de nouvelles ramifications entre différents neurones soit renforcement des synapses préalablement établies. C’est la mémoire à long terme qui transforme notre cerveau. Le cerveau va relier des mots, des concepts, des expériences, des souvenirs et des savoir-faire antérieurs aux nouvelles données fabriquant ainsi de la « mémoire du futur ».

Exemple : Les personnes présentes à la Matinale ont enrichis leur savoir grâce à la conférence. Celui-ci s’est naturellement lié à leurs savoirs, outils, expériences déjà encodés dans leurs mémoires. S’ils relisent leurs notent, approfondissent ces savoirs par la lecture d’un ouvrage, une journée de formation, des échanges avec des collèges et/ou s’il appliquent certains des concepts proposés dans leur pratique ils vont à coup sûr créer de la mémoire à long terme et faire évoluer leur compétences.

 

Mémoire des connaissances et mémoire des compétences

 

cerveau, neuroscience

 

Il y a deux grands catégories de mémoires : celle des représentations (connaissances) et celle des procédures (compétences).

 

1 – La mémoire des connaissances se décline en trois mémoires :

Episodique : c’est le chaudron de nos souvenir personnels. Elle est très sensible à l’oubli
– Sémantique : elle encode savoir général et encyclopédique (en mémorisant les différents catégories de mémoire vous outillez précisément celle-ci)
Perceptive : elle stocke les souvenirs de sons, images, odeurs, goûts, sensations corporelles

 

2- La mémoire des compétences c’est notre mémoire d’action.

Elle enregistre les procédures motrices, perceptives, cognitives. Cette mémoire des savoirs-faire est implicite et elle s’active malgré nous. (cf les automatismes quand vous conduisez). Elle se décline en trois mémoires
– Procédurale perceptivo-motrice : faire du vélo, processus artistique (danse-dessin-écriture)
– Procédurale perceptivo- verbale : parler en public . Associer texte et gestes
– Procédurale cognitive : résolution de problèmes de math, de planning, d’itinéraire, de stratégie, etc…

 

Différencier connaissances et compétences pour choisir un mode pédagogique et d’accompagnement adapté

 

Pour des personnes ou des équipes orientées changement et croissance les connaissances (mémoires épisodiques, sémantiques et perceptives) et compétences (qui nécessitent des apprentissages par essai-erreur) sont a mobiliser de concert.
En effet il est particulièrement pertinent de travailler les deux registres simultanément.

Exemple : connaitre du nouveau vocabulaire neuroscientifique, acquérir des concepts, des grilles de lecture et de la théorie sur le fonctionnement du cerveau (outillage de votre mémoire des connaissances, sémantique entre autre) ET progressivement mettre en œuvre de nouvelles procédures, de nouvelles manière de faire, faire des liens avec sa pratique pour développer de nouveaux savoir-faire, créer de nouveaux outils et innover (outillage de votre mémoire des compétences)

 

L’intérêt d’interludes pratiques au fil d’une conférence

 

Béatrice Maine, tibet, tour du monde à vélo
Traversée sud-nord du Tibet, février 2008, tour du monde à vélo 2005-2008, Béatrice Maine

Au cours de la conférence j’ai rythmé mon discours pas des petits exercices pratiques de façon régulière : échanger avec son voisin et reformuler à sa manière, avec son vocabulaire tout en faisant des liens avec sa pratique, écrire ce qui apparaît comme le plus nouveau, le plus complexe, le plus facile à retenir, etc…. J’aurai pu aussi leur proposer de faire une carte mentale rapide et succincte des thèmes abordés.

Ces ré-créations sont des façons de re-stimuler les circuits concernés, donc d’ancrer davantage dans leur mémoire les nouvelles informations. Par ces exercices variés (écrit, un échange avec le voisin ou une prise de note créative avec la mindmap) ce sont les trois sous-mémoires procédurales et la mémoire épisodique qui en profitent.

 

De la pertinences d’anecdotes de voyage pour illustrer un propos théorique

 

J’ai aussi illustré mon propos de souvenirs de mon périple de 3 ans à bicyclette. Une manière de déplacer leur attention et de la mobiliser d’une manière moins énergivore car l’attention est fluctuante. Raconter une histoire permet aussi au cerveau d’associer un concept théorique à un exemple concret. Les perceptions et les émotions sont conviées et vont se « coller » au concept théorique permettant ainsi une mémorisation diversifiée.

Et si les personnes présentes à la Matinale lisent ce billet, leur cerveau va réactiver les circuits neuronaux empruntés vendredi matin, ce qui va les consolider encore un peu plus.

Si vous avez des exemples ou partages d’expériences je serai heureuse de vous lire …

A bientôt dans un prochain article. .

 

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