Pour décider, notre cerveau a deux façons d’aller d’un point A à un point B.
Le système 1 est rapide efficace et automatique. Quand je monte dans ma voiture, je lance une succession d’opérations quasi inconscientes qui me permettent de conduire mais coupent tout enrichissement dans le voyage. Les gens, les paysages ou ma façon de conduire, tout cela m’échappe puisque je suis en mode “automatique”.
Le système 2 est efficace dans le recueil d’information mais il demande plus d’énergie et est un acte conscient. “Je décide de…”. On fait généralement appel à lui dans des situations insatisfaisantes où l’on exprime un besoin de “plus” et de “mieux”. Il intervient dans des situations impliquantes.
Bien évidemment, il existe une zone intermédiaire d’allers-retours entre ces deux systèmes que nous avons tous expérimenté lorsque, par exemple, nous décidons de changer de voiture, de carrière, de ville, voire de coupe de cheveux.
A ce moment là, nous partons en quête d’informations sans pour autant être dans la pleine conscience de ce que cela implique en nous. Le risque nous paraît réel, mais l’urgence, nous coupe de l’introspection que permet réellement au système 2 d’oeuvrer.
Pendant ce temps dans notre cerveau…
D’un point de vue neuroscientifique, ce que je vais chercher, va être impacté par des représentations conscientes mais aussi inconscientes déjà encodées dans ma mémoire et qui vont biaiser cette recherche. J’ai déjà une opinion de ce qu’est une belle voiture ou une belle coupe de cheveux. Je ne vais pas vers l’inconnu, mais vers la possibilité d’accéder à ce que je connais déjà.
Revenons-en à nos systèmes 1 et 2. Pour bien vous expliquer la différence entre les deux, je vais vous parler de mon expérience de voyageuse.
Du Népal à Lhassa
Je ne sais pas si vous le savez, mais entre 2005 et 2008, je suis partie de France en vélo et j’ai traversé plus de vingt pays dans un périple de 27 000 km. J’ai notamment rejoins le Népal.
Du Népal, je voulais aller à Lhassa. J’en étais à… à peine 1000 km. Mais la route était interdite par les autorités chinoises pour les voyageurs indépendants.
S’est posé à moi un choix. Soit prendre un avion – et donc me plier aux conditions des autorités, soit trouver un autre chemin… Il s’agissait d’un détour de 8 000 km (soit un an de voyage) en passant par le Pakistan, l’Afghanistan et le Khirgizistan pour enfin rejoindre mon but.
Système 1 ou système 2 ? Rapidité, pas de risque, soumission à une autorité OU incertitude, lenteur et une multitude de risques et de raisons pour que ça ne marche pas.
Et bien croyez-le ou non, j’ai choisis le système 2 et je suis bel et bien arrivée à Lhassa un an plus tard et infiniment riche de toutes ces nouvelles péripéties. Je me souviens encore de cette impression d’arriver dans un rêve, d’avoir besoin de toucher la ville pour réaliser que j’y étais en ce mois de décembre 2007. Un truc complètement… YEAAAAAH !!!
Evidemment, vous l’imaginez bien, mon entrée à Lhassa n’aurait pas été la même après seulement deux heures d’avion.
Tout cela pour dire que le système 2 vaut parfois le détour.
Le système 2 et ses manifestations
Vous le reconnaîtrez à travers, entre autre, un sentiment d’inquiétude, d’appréhension, d’angoisse et et/ou de peur (tout un programme !). Dans le cerveau, c’est votre amygdale qui perçoit immédiatement les dangers potentiels de cette autre possibilité et qui vient le hurler en marge de votre conscience à votre cortex préfrontal – responsable de la réflexion. Ce dernier va alors trouver les arguments en faveur du chemin le plus “système 1”.
Ces manifestations d’inquiétudes peuvent donc être le signal qu’une autre voie est possible que celle que vous percevez comme la plus simple et la plus sûre. La système 1 est souvent aussi la moins inspirante parce que répondant à des habitudes ou une prémonition facile du résultat.
La solution système 2 sera plus lente, mais cette lenteur sera vectrice d’une somme d’expériences fondatrices qui ne vous quitteront plus. Je vous raconterai un jour si vous le voulez, mon expérience inoubliable dans un village d’Afghanistan avec des femmes fantastiques, dont j’ai partagé le quotidien durant 3 jours alors que tout échange verbal était impossible puisque nous ne parlions pas la même langue.
Bref, ce sont bel et bien ces chemins à rallonge qui vous marquent pour la vie.
A présent que j’ai partagé avec vous un de mes choix système 1/système 2, j’aimerais lire les vôtres.
Avez-vous souvenir d’un moment dans votre vie où vous avez senti ce choix possible et où vous avez choisi le système 2 ? Racontez-le nous ici, il pourrait bien aider les autres à faire des choix importants.
Prochaine formation sur les biais cognitifs et le Système 1 et le Système 2, info ICI