Béatrice Maine

Une semaine de retraite dansée à Brenaz

Dans un petit village de l'Ain, à Brenaz, je loue une salle de 100m² et une chambre attenante à celle-ci. Un poêle, un tapis devant la porte, une grande baie vitrée donnant sur le jardin. Le lieu est sobre, brut, simple, sans fioriture. La salle au plafond haut est contenante, chaleureuse, sécurisante. Elle est propice aux plongées en eaux profondes.
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Dans un petit village de l’Ain, à Brenaz, je loue une salle de 100m² et une chambre attenante à celle-ci. Un poêle, un tapis devant la porte, une grande baie vitrée donnant sur le jardin. Un pan de mur en pierres apparentes, les trois autres en enduit à la chaux et en terre crue. Le lieu est sobre, brut, simple, sans fioriture. La salle au plafond haut est contenante, chaleureuse, sécurisante. Elle est propice aux plongées en eaux profondes.

Je dépose sur une table ronde les ressources matérielles de la semaine : divers livres, carnets de notes, cahiers à dessins, boites de pastels gras et secs, crayons de couleurs, feutres, plusieurs mètres de papier blanc et un ordinateur pour la musique. Sur un mur j’accroche mon dernier autoportrait. C’est la première fois que ce dessin de quatre mètres trouve un pan de murs assez haut pour se déployer entièrement. Sa présence m’accompagnera durant ces six jours et ces six nuits. Il guidera mes explorations, informera et révélera le chemin du moment à emprunter et les ressources internes disponibles présentement.

Une semaine de résidence de recherche dans la campagne du Bugey : je passe des heures le matin en silence, assise sur le coussin à écouter le crépitement du feu dans le poêle, les mélodies des oiseaux du jardin, le chant du vent. Fermer les paupières pour y voir plus clair au dedans, laisser le poids du corps se déverser sur le sol, orienter les organes sensoriels vers l’intérieur, tourner le regard en direction de la vastitude du paysage interne, ouvrir en grand la conscience pour cueillir le bourgeon naissant d’une sensation subtile, presque imperceptible. Recueillir simplement l’instant, comme il est, sans rien d’autre. Être avec ce qui jaillit. Rester avec. Et laisser la forme se former à travers un mouvement infime et lent, d’une lenteur infinie, délicate et savoureuse.

 

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Photo Marie Landreau

Je passe des heures à écouter soigneusement et pleinement une sensation, une perception. Il ne s’agit pas de guetter avec une attention tendue comme un arc bandé “la sensation” ou “le flash de je-ne sais-quoi…” ou encore “la révélation”. Juste une présence pleine à la conscience de l’Instant, un esprit vide et spacieux, dépourvu d’attente, de “truc à faire, à sentir, à imaginer”, dépourvu de désir, d’espoir, de crainte, de projection… Regarder, écouter, sentir, ressentir avec un esprit libre, attentif, détendu et ouvert à ce qui se manifeste dans le corps, dans le cœur, dans l’esprit. Une trop grande attention créerait une tension physique ou mentale et me couperait des signaux faibles qui émergent. Comme un chercheur-explorateur dans son laboratoire : pas de pression, pas d’obligation, pas d’attente de résultat ni de production. Juste l’exploration pour l’exploration. Le chercheur-explorateur est dans deux mouvements : il n’attend rien et cherche tout, il attend tout et ne cherche rien.

Aujourd’hui, en écrivant sur cette récente expérience me reviennent à l’esprit des bribes de mes cours de neurosciences (bien mis de côté pendant une semaine !) : la posture interne “d’explorateur” est importante car, d’un point de vue neurologique, elle nous met dans une configuration cognitive qui ouvre, rend sensible et disponible à tout ce qui apparaît. Autrement dit, cette attitude mentale prépare notre cerveau et ses milliards de neurones et de connexions synaptiques à accueillir l’inattendu. Notre esprit qui se manifeste dans l’attention portée aux “signaux faibles” est alors mobilisé sur la découverte. D’une part le cerveau doit pouvoir anticiper l’émergence de quelque chose de nouveau, sinon il risque de passer à côté ! et d’autre part, l’esprit doit être suffisamment détaché de toute forme d’attente pour être saisi par ce nouveau. Un peu paradoxal ! c’est ainsi que naissent parfois des découvertes inopinées. On appelle ce phénomène la sérendipité : la capacité à tirer profit de l’inattendu. C’est le hasard heureux ou le don de faire des trouvailles sans les chercher. Bien m’en a pris de mettre ces connaissances de côté pour laisser la place à l’expérience !

 

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Photo Marie Landreau

Stupéfiant voyage au cœur de la matière organique. Je me souviens de ces mots souvent répétés par Daria Halprin en formation à Tamalpa en Californie : « Track and engage », “piste en engage”. Mon attention focusée sur l’écoute subtile des mouvements internes relève et piste une sensation, et tranquillement, doucement je m’y engage, comme un chercheur d’or suivrait un filon du précieux minerai dans un gisement. Ouverture d’un espace-temps que ma conscience égotique ne peut comprendre. Une spirale m’entraine dans un univers inconnu, tantôt saugrenu, parfois dérangeant et inconfortable, ou encore bigrement délicieux, savoureux et voluptueux. La trajectoire est toujours originale et ébouriffante ! Une minuscule sensation m’ouvre sur un territoire qui me semble grand comme plusieurs galaxies. Distorsion du temps. Distorsion de l’espace. L’infiniment petit et l’infiniment grand se mêlent, s’entremêlent, se confondent. Après ces explorations je me sens exténuée comme si j’avais parcouru la voûte céleste à grandes foulées !

Pendant la semaine, souvent un rouge-gorge viendra se poser dans l’arbuste devant la baie vitrée. Un vent très fort soufflera toute la dernière nuit comme pour balayer les dernières poussières du ménage intérieur fait ces six jours. Dimanche, en vidant la salle c’est une coccinelle qui saluera mon départ et les buses jalonneront la route de mon retour à Valence.

Immense et profonde gratitude pour ce temps d’une semaine, ce lieu généreux et ses propriétaires discrets qui m’ont accueillie.

La nuit dansée à St Laurent du Pont le 19-20 mars est proposée dans cette intention : ouvrir un espace pour prendre le temps, tout le temps pour se déposer à l’intérieur de soi, écouter, sentir, accueillir. Au cours de cette nuit de l’équinoxe, nous prendrons de long moment à écouter, juste écouter et laisser le mouvement “juste” émerger de lui-même.

C’est dans ce beau lieu que nous voyagerons entre Life Art Processus et Neurosciences du 18 au 22 juillet prochains. Quelques balades aux alentours m’ont fait découvrir de nombreuses rivières, cascades et petites grottes : des lieux idéaux pour se relier à son être, nourrir et informer son cheminement intérieur…

 

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Photo Marie Landreau
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