Béatrice Maine

Souvenirs d’Iran et coup de cœur pour le film “Trois visages”

Des filles en mini jupes de Téhéran aux villages reculés et ultra conservateurs : ma rencontre avec l'Iran aux multiples visages lors de mon tour du monde à vélo. Après taxi Téhéran, Jafar Panahi revient avec un film encore une fois tourné clandestinement en Iran. Coulisses d'un tournage hors du commun.

Des filles en mini jupes de Téhéran aux villages reculés et ultra conservateurs : ma rencontre avec l’Iran aux multiples visages.
Après taxi Téhéran, Jafar Panahi revient avec un film encore une fois tourné clandestinement en Iran. Coulisses d’un tournage hors du commun.

 

 

Je suis une grande admiratrice des films de Jafar Panahi. Le dernier “Trois visages” m’a fait voyager et reconnecter avec des souvenirs presque intacts de mon voyage. Tourné au nord ouest de l’Iran j’ai aimé revoir ces paysages parcourus au guidon de ma bicyclette en 2006.

Ce pays est l’un de ceux qui m’a le plus touché lors de mon tour du monde à vélo. Plus de dix ans après j’ai toujours un goût de “reviens-y” dans la bouche ! Je reste subjuguée, émerveillée et pleine de curiosité face aux contrastes qui existent dans ce pays.

 

 

Iran, Nord du pays, tour du monde, à vélo 2005-2008

 

A Téhéran, dans les quartiers chics la vie de jeunes femmes et hommes est très contemporaine, occidentale. A la Capitale j’ai été hébergée dans des familles dont les filles portaient des minis jupes, sortaient danser, fumaient, buvaient, allaient à des concerts, des défilés de modes, faisaient des études poussées.

 

Iran, printemps 2006, jeunes femmes qui m’ont accueilli dans leur famille. Ici en tenue “de ville”. Photo prise discrètement et furtivement (les autorités n’aiment pas que les étrangers prennent des photos…).

 

Et j’ai traversé des villages reculés soucieux du respect des traditions et de la religion où les femmes portent le tchador, n’étudient pas au delà de 15-16 ans, se marient jeunes (et souvent avec des hommes beaucoup plus âgés qu’elles). Dans ces bourgades j’ai aussi entendu “sous le manteau” (au sens propre comme au sens figuré) un profond désir de plus de liberté, de culture, d’ouverture et la peur et les risques que cela impliquaient d’exprimer ces élans.

D’après le témoignage-film de Jafar Panahi, 12 ans après rien n’a beaucoup changé…

Je me souviens de la générosité, de la bonté, de l’envie de partage. Je me souviens de leur curiosité à l’égard de ma vie de jeune femme française et des discussions sans complexes (presque gênantes pour moi !!) sur les choses intimes, les soirs où j’ai dormi dans un dortoirs de filles faisant de la boxe. Je me souviens aussi avoir toujours qualifié ce peuple de “doux” sans vraiment pouvoir expliquer précisément pourquoi…!

 

Sur la route au nord de l’Iran, printemps 2006, tour du monde à vélo 2005-2008

 

Jafar Panahi ou la lutte de l’intérieur

 

Après “Le Ballon blanc” (prix Caméra d’or à Cannes en 1995), “Sang et or” (prix Un certain regard en 2000), “Ceci n’est pas un film” et son avant dernier film “Taxi Téhéran”(prix Ours d’or à Berlin en 2015) , le dissident iranien Jafar Panahi reviens avec “Trois visages”.

 

Jafar Panahi

“Pour s’être intéressé à une manifestante tuée après la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009, Jafar Panahi a été arrêté, puis emprisonné et assigné à résidence avec interdiction de réaliser des films, de répondre à la presse ou de sortir de son pays pour une durée indéterminée, sous peine de 20 ans d’emprisonnement par interdit bravé. Il bénéficie depuis quelque temps d’une liberté conditionnelle susceptible d’être révoquée à tout instant.”

 

C’est le quatrième long métrage film qu’il tourne secrètement. Dans “Taxi Téhéran”, se faisant passer pour un chauffeur de taxi, c’est l’habitacle de sa voiture qui a servit de “plateau de tournage”. Pour “Trois visages” il est parti quelques jours, en compagnie d’une actrice, dans les montagnes reculées du nord-ouest du pays afin d’échapper aux regards inquisiteurs des autorités Iraniennes. A la fois derrière et devant la caméra, le mystère et la clandestinité autour de la création de ses films participent de leur pouvoir d’attraction.

 

Photo extraite du filme “trois visages”

Pour minimiser les risques sur ses tournages, le cinéaste doit user de ruses. « Il tourne de manière extrêmement discrète et légère, avec de toutes petites caméras qu’il se fait envoyer de France par sa fille qui vit dans notre pays », explique le journaliste Jean-Michel Frodon. « Il tourne toujours deux scénarios en même temps : le script du film et celui qu’il doit pouvoir montrer aux autorités qui viendraient éventuellement lui chercher des ennuis. »

Interdit de quitter de son pays sous peine de jamais pouvoir y revenir, ses films ne sont pas projetés en Iran mais il est multi-récompensé à l’étranger. ” Trois visages” a remporté le prix du scénario au Festival de Cannes cette année. A découvrir dans les salles en ce moment.

 

Iran, voyage à vélo, jafar panahi, 3 visages

 

Synopsis du film : Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice… Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.

 

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